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En Turquie, la rue se réveille contre Erdogan l’«assassin»

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Les funérailles d’un adolescent qui était dans le coma depuis le printemps ont provoqué des rassemblements monstres à trois semaines d’élections cruciales.
publié le 12 mars 2014 à 21h36
(mis à jour le 13 mars 2014 à 9h59)

Gaz lacrymogènes, canons à eau, bombes de gaz irritants : les forces de police d’Istanbul sont intervenues brutalement hier contre plusieurs dizaines de milliers de manifestants qui participaient aux funérailles de Berkin Elvan. Le garçon de 15 ans, mort mardi matin après 269 jours de coma, avait été gravement blessé pendant les manifestations du printemps pour la défense du parc Gezi, près de la place Taksim au cœur d’Istanbul. Les manifestations d’hier ont été les plus massives depuis juin à Istanbul mais aussi à Ankara, Izmir et dans de nombreuses autres villes du pays. Plus de 200 000 personnes auraient marché derrière le cercueil.

La rue se réveille à moins de trois semaines d'élections municipales cruciales qui sont un test politique majeur pour le Premier ministre islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan et son parti, l'AKP. Ils sont affaiblis par des scandales financiers et des écoutes téléphoniques accablantes mises en ligne sur Internet par la confrérie islamiste de Fetullah Gülen, prêcheur réfugié aux Etats-Unis qui fut longtemps l'allié du Premier ministre. Aux slogans du printemps comme «partout c'est Taksim, partout c'est la résistance» se mêlaient des «Erdogan voleur», devenu le cri de ralliement des protestataires depuis la révélation, en décembre, des affaires de corruption impliquant le Premier ministre. Et aussi beaucoup de «Erdogan assassin». «Ce n'est pas Allah mais c'est Erdogan qui a pris la vie de mon fils», lançait