Menu
Libération
Récit

Torture : les preuves par l’image

Article réservé aux abonnés
Le monde arabe en ébullitiondossier
Exfiltré à l’étranger et tenu au secret, un ex-membre des renseignements syriens a rendu publiques 54 000 photos effroyables.
Cette photographie fait partie d’un ensemble de 54 000 clichés de 11 000 détenus morts sous la torture et les privations dans un «centre» du régime de Bachar al-­Assad. (Photo DR)
publié le 14 mars 2014 à 21h47

On ne sait rien de lui. Ni son nom, ni son âge, ni même le pays où il se cache. Il a simplement un pseudonyme : César. Seuls ceux qui ont réussi à l'exfiltrer hors de Syrie et quelques enquêteurs internationaux savent où se trouve sa planque. César est l'un des hommes les plus menacés au monde. Pour une bonne raison : c'est lui qui a dit l'indicible, l'a montré sous la forme de milliers de photos qu'il a lui-même prises en travaillant pour le régime de Bachar al-Assad dans l'un des 24 centres de tortures de Damas et de sa région. Au total, 54 000 clichés de 11 000 détenus morts sous la torture et les privations. Des clichés qui témoignent d'une telle cruauté que David Crane, l'ex-procureur général du Tribunal spécial pour la Sierra Leone et aujourd'hui principal enquêteur d'un rapport sur la torture en Syrie, a déclaré jeudi à Paris, qu'ils nous obligeaient «à croire l'incroyable».

Au départ, César travaille dans une unité de documentation des Renseignements de l’armée de l’air. Créée par Hafez al-Assad, c’est la plus terrible des six principales polices secrètes. C’est là qu’il photographie les corps de tous ceux qui meurent sous la torture ou de faim. Il est bientôt contacté par un réseau qui cherche à retourner des agents du régime afin qu’ils révèlent ces crimes. Cela tombe bien : César est horrifié par ce qu’il voit. Il songe à s’enfuir. Mais le réseau le convainc de rester à son poste pour continuer son travail.

Déchirés. Ce