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Libération
Reportage

A Simferopol, pour les pro-Kiev, «le boycott est la seule arme»

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Dans la ville de Crimée, un quartier majoritairement tatar s’inquiète des suites du vote.
publié le 16 mars 2014 à 21h06

«Quel que soit le chiffre de participation qu'ils vous annoncent, ne les croyez pas, ce sera un mensonge !» ironise Musa Apastanik, 42 ans, adossé au portail de sa maison. Dans ce faubourg pro-Kiev du nord de Simferopol, seuls un policier et un membre des groupes d'autodéfense de Crimée, arborant un brassard rouge, montent la garde devant le bureau de vote. A l'intérieur, le personnel du bureau assure la permanence. «A 14 heures, nous en sommes à près de 30% d'affluence», assure le chef du bureau. Un chiffre bien en deçà des estimations dans le reste de la péninsule. Le comité électoral régional annonçait 30% de participation après deux heures d'ouverture du bureau. «Foutaises ! Je sais très bien que personne ne va voter dans le quartier», rétorque Musa Apastanik.

Parallèle à la «Prospekt Pobedy», l’avenue de la Victoire, le quartier est majoritairement peuplé de Tatars de Crimée. On est loin de l’euphorie du centre-ville, où des chants patriotiques résonnent aux abords des bureaux de vote et des voitures filent sur les avenues couvertes de drapeaux russes. Des étroits chemins de terre défoncés serpentent entre des petits pavillons en ruine.

«Kolkhozes». «Je suis revenu de déportation en octobre 1992, et on m'a alloué la maison que vous voyez derrière», explique Elmira, 56 ans, assise contre le mur décrépi de sa maison. «Ils nous ont dit que nous n'avions pas accès à la propriété, parce que nous n'av