La semaine dernière s’est déroulée l’unique «conférence de presse» de l’année accordée par le Premier ministre chinois, Li Keqiang, à l’occasion de la clôture de la session de l’Assemble nationale populaire. Cette aubaine est très attendue par les centaines de journalistes étrangers en poste en Chine, car les échanges entre Li et la presse sont diffusés (presque) en direct par la télévision chinoise et, en théorie, n’importe quel journaliste peut poser n’importe quelle question.
En réalité, tout est soigneusement organisé pour que seules soient posées les questions validées au préalable par les autorités. Celles-ci sont soumises par écrit. Si l'une d'elle est approuvée, le journaliste en est informé, et un ordre de passage lui est parfois même communiqué. «Vous, c'est la huitième question», s'est ainsi vu informer Seth Doane, un journaliste de la chaîne américaine CBS avant la conférence. Le texte est parfois réécrit par les autorités, et le reporter doit s'en tenir strictement à cette formulation. Pour donner l'impression que la conférence de presse est spontanée, le journaliste choisi est encouragé à lever la main jusqu'à ce que son tour vienne. Pour les autres, cela ne sert à rien. «Allez-y, levez la main et agitez-là comme un potache zélé. Si vous croyez que vous allez être choisi pour poser une question au deuxième homme le plus puissant de Chine, vous vous trompez», écrit Andrew Jacobs, correspondant à Pékin du New York Times, un journal mis s