Menu
Libération
Analyse

Le Maidan, accoucheur de la nation ukrainienne

Article réservé aux abonnés
Vingt-trois ans après l’indépendance, il aura fallu la lutte collective contre Ianoukovitch et les menaces territoriales de Moscou pour unifier le pays.
publié le 16 mars 2014 à 21h06

Qu’ils le craignent ou qu’ils en rient, tous sont d’accord : le président russe, Vladimir Poutine, baptisé «Poutler» (contraction de Poutine et de Hitler) par ses caricaturistes, a fait davantage pour unifier les Ukrainiens que vingt-trois ans d’indépendance.

En moins de trois semaines, ses chars et ses menaces ont transformé le Maidan, qui avait commencé comme un plébiscite pour l'Europe et contre la corruption, en un vaste mouvement patriotique. Le slogan «Gloire à l'Ukraine !» résonne en boucle sur la tribune qui est restée dressée sur la place de l'Indépendance. Tout comme l'hymne national : «La gloire de l'Ukraine n'est pas encore morte, ni sa liberté…» «Le Maidan a une composante d'émancipation nationale, mais jusqu'à l'invasion de la Crimée par les troupes russes, il n'y avait pas d'aspect antirusse, explique le militant des droits de l'homme Maxime Boutkievitch, de l'association Sans Frontières. Les protestataires réclamaient avant tout un changement du système politique, la fin de la corruption et de l'arbitraire du pouvoir.» Les participants ont afflué du pays entier, parlant russe aussi bien qu'ukrainien, venant de partis et d'organisations religieuses hétérogènes, issus d'ethnies et de régions différentes. Au bout du compte, affirme le militant, «ces trois mois de manifestations ont donné naissance à une nation ukrainienne au sens politique et non plus ethnique».

Souveraineté. Cette