Accidents, anarchie urbaine et surtout insécurité, la moto est dans la ligne de mire du gouvernement vénézuélien. En République bolivarienne du Venezuela, l'un des pays les plus violents au monde, 80% des délits sont commis en deux-roues. L'assassinat d'une ex-miss par des hommes à moto, en janvier, et l'émotion populaire suscitée, ont servi d'électrochoc. L'Etat a décidé de faire appliquer un vieux règlement qui prévoit d'interdire au million de motards vénézuéliens de circuler de 21 heures à 5 heures du matin, notamment dans la capitale, Caracas. «Mais 21 heures, c'est trop tôt», se plaint Chu, une motarde qui veut pouvoir se rendre chez des amis en soirée et qui n'a pas les moyens d'acheter une voiture. Le 31 janvier, elle a décidé de faire entendre son opinion parmi un demi-millier de manifestants casqués, sous très haute surveillance.
Deux jours auparavant, après la mort de trois motards abattus par les forces de police, des adeptes du deux-roues avaient bloqué pendant six heures toute une ville du sud de Caracas. Certains étaient armés, selon les médias locaux. Comme la plupart des associations de motos-taxis ou d'usagers, Chu estime que les motards sont trop souvent associés à des délinquants : «Là-haut, dans les quartiers pauvres, les routes sont trop étroites. Il y a des milliers de gens honnêtes qui n'ont pas d'autre choix que de se déplacer à moto pour aller travailler ou emmener leurs gosses à l'école. Et puis il y a les embouteillages…» L'articl