Sur le champ de manœuvres, une vingtaine de jeunes gens, en tenues dépareillées, apprennent les pas et les gestes qui vont faire d'eux des guerriers. «Un deux, trois, crochet», répète l'instructeur aux jeunes qui tendent le poing en cadence, encore et encore. Il y a un mois, ces jeunes montaient encore la garde sur les barricades qui défendaient à Kiev la place Maïdan contre les unités anti-émeutes de la police ukrainienne. «Aujourd'hui, ce sont nos frontières, près desquelles se massent les troupes russes, qui sont nos barricades. Ce sont elles qu'ils vont garder.» L'homme venu en inspection est Andri Paroubi, le tout nouveau président du Conseil de défense et de sécurité d'Ukraine. Il y a un mois, ce député du parti Batkivchtchina (Patrie), le parti de l'ancienne égérie de la révolution orange, Ioulia Timochenko, était le commandait d'Autodéfense, le groupe qui dirigeait les services d'ordre du Maïdan.
Aujourd’hui ces jeunes qui ont combattu avec lui viennent s’enrôler dans la toute nouvelle Garde nationale créée à la fin de la semaine dernière par le Parlement d’Ukraine. Ils sont 500 à s’entraîner depuis cinq jours dans une caserne du ministère de l’Intérieur de Novi Petrivtsi, une banlieue située à une trentaine de kilomètres de Kiev. Ils s’exercent au maniement des armes de poing, des armes automatiques et des armes anti-chars. Comme sur le Maïdan, où ils sont restés trois mois, ils vivent dans des tentes, dans des conditions spartiates. Au bout de quin