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Libération

Une annexion, trois questions

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publié le 18 mars 2014 à 19h56

Mettons les choses au mieux ou, plutôt, au moins pire. M. Poutine sait se dominer. Il se contente du fort regain de popularité que lui vaut déjà cette annexion de la Crimée, une restitution aux yeux de la grande majorité des Russes, et s’abstient d’avaler dans la foulée tout ou partie de l’Ukraine orientale.

Les choses restent alors gérables, pour lui, comme pour les Etats-Unis, et l’Union européenne, mais le président russe n’en a pas moins à relever deux défis. Le premier est de savoir comment éviter un chaos en Crimée alors qu’il faudra y procéder à un échange entre la hryvnia ukrainienne et le rouble russe, que beaucoup de soldats ukrainiens fidèles à Kiev sont toujours stationnés sur la presqu’île, et que l’eau, l’électricité et le gaz qu’elle consomme lui arrivent d’Ukraine. Nul doute que beaucoup de gens planchentlà-dessus à Moscou mais il n’y a pas de continuité territoriale entre la Crimée et la Fédération de Russie, les coffres des succursales bancaires ukrainiennes sont déjà vides et les approvisionnements maritimes seront aussi compliqués que coûteux.

Sauf à s’ouvrir des corridors par la force et faire dangereusement monter les enchères, Vladimir Poutine devra donc chercher des compromis avec les autorités ukrainiennes auxquelles il dénie toute légitimité. Peut-être aura-t-il la sagesse de le faire. Il faut le souhaiter en tout cas mais, même dans cette hypothèse, même s’il réussit à limiter la casse et stabiliser la situation, restera pour lui l’autre défi, de moy