«Après un long et éprouvant voyage, la Crimée et Sébastopol rentrent au port natal.» Il était lyrique, Vladimir Vladimirovitch Poutine, mardi, sur la place Rouge, devant 100 000 partisans de la Grande Russie (lire aussi pages 22-24). Depuis, l'Europe se livre à sa spécialité : l'indignation sans conséquences. L'Amérique a gelé timidement les avoirs de quelques oligarques, brandi la menace arithmétique de transformer le G8 en G7. Pendant ce temps, l'OPA du Kremlin sur la péninsule va bien, elle suit son cours tranquillement, merci.
Mardi soir, tombait la première victime à Simferopol, un officier ukrainien tué dans l’attaque de sa base, l’une de ces 38 casernes cernées par les milices russes. A l’intérieur, acculés, isolés, les militaires ukrainiens sont sommés de rendre les armes. Encouragées par la Cour constitutionnelle moscovite, qui a validé le rattachement de la Crimée à la Russie, les forces prorusses ont pris hier le contrôle du QG de la marine ukrainienne à Sébastopol, arrêté le chef de la flotte et se sont emparées de la base navale de Novoozerne.
Domino. L'opération de contrôle s'étend inexorablement, sans coups de feu. Pour le moment. Sur le territoire, les insignes de la souveraineté ukrainienne sont fébrilement remplacés par des symboles russes, des drapeaux tricolores. «Nous sommes entrés dans la phase militaire du conflit», martelait mardi le Premier ministre ukrainien.
Phase militaire, vraiment ? L