Comme si l’espace lui appartenait. Samedi 8 mars, le vol MH370 de Malaysia Airlines quitte Kuala Lumpur peu après minuit, heure locale. Destination Pékin, où l’atterrissage est prévu à 6 h 40, au terme d’un vol de 4 400 kilomètres. L’aviation moderne, c’est l’espace maîtrisé, l’immensité soumise. On s’en plaint quelquefois. La terre quadrillée en tous points par ces trajectoires incurvées, dont on découvre le tracé sur les brochures de bord.
Au long de ces nuits d’insomnie, on suit la marche de l’avion sur les écrans bleus enchâssés dans le dos des sièges. Le vecteur tremblotant enjambe les montagnes, les grands fleuves du monde, les fosses océaniques. On guette le nom des capitales qui ponctuent le parcours.
Tamis. Au tiers environ de sa route, le Boeing 777 de Malaysia Airlines doit laisser sur sa droite Hô Chi Minh-Ville. A l'aéroport de l'ancienne Saigon, les contrôleurs attendent son appel. Il ne viendra jamais. Dans la nuit, Malaysia Airlines déclare avoir «perdu contact» avec son appareil. Le communiqué énonce une évidence : il importe, avant tout, de le «localiser». Ses débris, traduit-on. Dès lors qu'un avion quitte le couloir balisé de son plan de vol, quelle autre issue qu'un crash ? Sauf détournement, mais rien ne semble l'indiquer.
La compagnie, déjà, prévient les proches. Son PDG adresse «pensées et prières». Si les écrans de l'aéroport de Pékin annoncent un vol «retardé», on se résigne au p