Le très autoritaire Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, l'avait promis jeudi soir dans un meeting électoral. «Nous allons éradiquer Twitter. La liberté n'autorise pas l'intrusion dans la vie privée de qui que ce soit ou l'espionnage des secrets d'Etat. Peu importe les réactions à l'étranger. Vous allez voir la force de la Turquie !» martèle le leader charismatique de l'AKP, le parti islamo-conservateur au pouvoir depuis novembre 2002, dans la dernière ligne droite de sa campagne avant les municipales du 30 mars. Ce scrutin est un test politique majeur pour un parti secoué depuis décembre par des scandales de corruption éclaboussant Erdogan lui-même. Quelques heures plus tard, l'accès à Twitter était bloqué.
«Ce site internet, dont le siège se trouve à l'étranger, ne respecte pas les décisions des tribunaux turcs, qui avaient demandé l'effacement de certains messages violant les droits individuels et la vie privée de plaignants», expliquait l'Autorité des télécoms turques (TIB). Depuis des semaines, un compte sur Twitter intitulé ironiquement «Haramzade» («les enrichis contre les règles de la religion») diffuse des enregistrements de conversations téléphoniques entre le Premier ministre, son fils, des hommes d'affaires et des hauts fonctionnaires illustrant la corruption et l'arrogance du leader du parti au pouvoir. Même si la TIB ne précise pas les noms des plaignants, chacun a compris de qui il s'agit. Dans les manifestations de l'opposition, notam