Selon l’une des conclusions du dernier rapport des Nations unies, 1,2 milliard de personnes souffrent de la faim dans le monde. Olivier De Schutter, successeur de Jean Ziegler au poste de rapporteur spécial pour le droit à l’alimentation, y dresse un constat d’échec avant l’échéance de son dernier mandat, fin avril. François Collart-Dutilleul, juriste, spécialiste du droit de la sécurité alimentaire et professeur à l’université de Nantes, a lancé il y a cinq ans un projet ambitieux baptisé Lascaux (1) : pas moins de 400 chercheurs des cinq continents contribuent à l’édification d’un arsenal juridique efficace pour lutter contre la faim et la malnutrition.
Pourquoi «Lascaux» ?
Pour peindre les grottes de Lascaux, il fallait disposer de temps, donc vivre dans une certaine sérénité alimentaire. Ce qui supposait une organisation sociale où nos ancêtres que l’on dit primitifs distribuaient les tâches permettant à certains de consacrer leur temps à peindre. Le choix de ce nom souligne combien nourrir les gens n’est pas seulement leur sauver la vie, c’est aussi sauver l’humanité.
Comment définir le droit à l’alimentation ?
Il ne figure pas dans la déclaration des droits de l’homme mais dans le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (Pidesc) qui date de 1966. Le droit à l’alimentation s’y confond un peu avec le droit à des moyens de subsistance. Mais les droits de l’homme sont presque une notion dangereuse pour le droit à l’alimentation. Parce qu’il peut entrer en concurrence avec un autre droit de l’homme, le droi