Les élections municipales en Turquie auront lieu le 30 mars, en même temps que le second tour des municipales en France, mais, à la différence de la France, il s’agit ici d’un scrutin à un seul tour. Cette organisation fait l’économie des procédures de report des voix et de négociations entre les deux tours et entre partis politiques.
Malgré cette importante différence, les élections turques rappellent par certains aspects la situation à laquelle ont fait face les Français au second tour de la présidentielle d'avril 2002, lorsqu'ils furent contraints de choisir entre les candidats Jean-Marie Le Pen et Jacques Chirac. Malgré toutes ses réticences, la gauche française a voté («en se bouchant le nez») pour Chirac, élu alors avec plus de 80% des voix. Aujourd'hui, pour la partie de l'électorat turc dont la priorité est de chasser du pouvoir le Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, la solution sera de voter, à Istanbul et à Ankara, pour le Parti républicain du peuple (CHP), en se bouchant ou pas le nez.
«Le parti qui prend Istanbul prend la Turquie»
Réputé être le plus ancien parti de la Turquie à l'ère républicaine, le CHP n'est certainement pas le premier des partis vers lesquels se seraient portées les voix de la gauche libérale. Accusé de nationalisme, d'étatisme ringard et de proximité avec l'armée, le CHP, parti de l'ancienne bureaucratie civile et militaire laïque, a été un repoussoir depuis la fin des années 90 pour ceux qui rêvaient de plus de libertés publiques, de règlement de la question kurde, et qui ten