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grand angle

Syrie : sarin, une preuve dure comme pierre

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En avril 2013, alors que l’usage d’armes chimiques par Al-Assad était encore contesté, «Libération» recueillait des témoignages d’une probable attaque au sarin. Elle vient d’être officiellement confirmée. Il y a près d’un an, la ligne rouge était donc déjà franchie.
Un homme penché sur le corps d'un enfant parmi les victimes de l'attaque au gaz sarin, à la Ghouta, près de Damas, le 21 août 2013. (Photo Bassam Khabieh. Reuters)
publié le 26 mars 2014 à 17h36

Tout concordait, les témoignages des victimes et des voisins, le récit du médecin, les symptômes des blessés. Tout concordait, mais il manquait une preuve irréfutable d'un bombardement au sarin dans la nuit du 13 au 14 avril 2013. A la mi-mars, onze mois après l'attaque contre la maison de Yasser Yunis, un mécanicien de 27 ans d'Alep, qui a coûté la vie à sa femme et à ses deux fils, Yahyah, 5 mois, et Sadiq, 18 mois (édition du 9 mai 2013), Libération a finalement obtenu cette preuve. Classé «Confidentiel défense», le rapport d'analyses des échantillons (du gravier prélevé sur place le 27 avril et rapporté en France le 4 mai 2013 par l'envoyé spécial du journal) conclut sans aucun doute possible à l'emploi de sarin, un neurotoxique inodore.

Rédigé par les chimistes du centre de la Direction générale des armées (DGA) du Bouchet, dans l’Essonne, la «signature» du sarin est attestée par la découverte de l’un de ses produits de dégradation (de l’acide isopropyl méthylphosphonique) et de celle d’une impureté caractéristique de sa synthèse (du disopropyl méthylphosphonate). Un autre produit de dégradation des organosphorés, dont fait partie le sarin, a également été détecté.

Comme le veut la procédure, les analyses ont été effectuées deux fois, avec deux techniques différentes. Selon une source française proche du dossier, les concentratio