Arrivés à la fontaine de Neptune, ils hésitent encore sur les directions à prendre. Sur la place Rynok, dans le centre de Lviv, Vladimir Vladimirov, 37 ans, sa femme Natalia, 39 ans, et leur fils Ernest, 12 ans, pourraient facilement se noyer dans le flot des touristes qui parcourent la grande ville de l’ouest de l’Ukraine. Mais, pour eux, rentrer à la maison n’est plus une possibilité. Ils figurent au nombre des 1 550 réfugiés de Crimée échoués à Lviv.
«Nous ne voulions pas vivre en Russie, mais en Ukraine, explique Vladimir. Nous sommes partis le 9 mars, dès que nous avons pu.» Il y a quelques semaines, ils étaient bien établis à Kertch, ville portuaire de l'est de la Crimée. Lui y avait un bon travail en tant que commerçant. Elle étudiait à l'université et s'occupait d'Ernest. «Tout s'est emballé très vite, raconte-t-il. Chacun a pris son parti. Pour nous, ça a été très rapidement évident. En Russie, et en Crimée aussi, ils regrettent le passé. Ici, ils espèrent le futur.» Un avis partagé par Natalia, qui ajoute : «Tout était devenu très confus, entre la politique, les médias, les gens… Quand nous sommes partis, je ne savais plus dans quel pays j'étais née.»
Dès la première semaine du déploiement des forces russes dans la péninsule, à partir du 28 février, la famille se prépare au départ. Vladimir réserve des billets de train à partir de Djankoï (nord de la péninsule). Quelques complications à la sortie, à cause de l’établissemen