En poste à l’ambassade de France à Bangui de 2008 à 2012, chargé des Affaires culturelles et de la coopération, Didier Niewiadowski analyse les raisons de la recrudescence de la violence observée ces derniers jours. Selon la Croix-Rouge locale, au moins une vingtaine de personnes ont trouvé la mort depuis samedi, dans les affrontements qui ont éclaté aux abords des dernières enclaves musulmanes de la capitale centrafricaine. Celles-ci subissent sans discontinuer les assauts des milices anti-balaka qui veulent forcer ces communautés à quitter le pays, les jugeant collectivement complices des exactions commises jusqu’à l’intervention française par les ex-rebelles de la Séléka (à dominante musulmane).
Comment expliquez-vous cette nouvelle flambée de violences ?
Les milices anti-balaka, souvent dénommées à tort «milices chrétiennes» par opposition à l’ex-Seleka musulmanes, ne sont toujours pas cantonnées à ce jour et encore moins désarmées, et cela en dépit des résolutions de l’ONU et de l’Union africaine. Cette situation les autorise à perpétrer leurs exactions en toute impunité. Les désœuvrés – paysans spoliés, coupeurs de route au chômage, enfants des rues non scolarisés – ont été rejoints par d’anciens militaires des Forces armées centrafricaines et par des boutefeux partisans de l’ancien président Bozizé, déposé il y a un an.
Ce ramassis, tout aussi inorganisé que l’ex-Séléka mais éparpillé en des groupuscules de quelques individus, se trouve livré à lui-même, obligé pour survivre de s’emparer des biens d’autrui et le plus souvent avec