Il a fait durer le suspense pendant des mois. Puis, mercredi soir, finalement, Abdel Fattah al-Sissi a démissionné de ses postes de chef de l'armée et de ministre de la Défense. Une démarche indispensable pour pouvoir se présenter, en tant que civil, à la présidentielle prévue dans les prochains mois. Il a confirmé sa candidature dans la foulée. «Après quarante-cinq ans au sein des forces armées, c'est la dernière fois que vous me voyez en uniforme», a-t-il déclaré sur la chaîne d'Etat.
Pour expliquer cette candidature tardive, la presse égyptienne a laissé entendre qu'Al-Sissi avait dû négocier avec les puissances régionales, préparer sa campagne et prendre connaissance de la nouvelle loi électorale. Ces dernières semaines, il a aussi remanié le sommet de l'armée. A-t-il vraiment hésité à abandonner son poste de ministre pour celui, plus exposé, de chef de l'Etat ? «Al-Sissi ne souhaitait pas être président, assure Yasser Rizq, le seul journaliste à l'avoir interviewé. Aujourd'hui, c'est un héros. Président, il sera responsable de tous les maux. Mais c'est la volonté des Egyptiens.» «Je ne peux ignorer les attentes du peuple», a-t-il répété à plusieurs reprises.
Fathi Hamama, 50 ans, est de ceux qui espéraient cette candidature : l'homme fort du pays est l'un de ses cousins. A midi, il ouvre tout juste sa minuscule échoppe de bibelots, dans le centre historique du Caire. «Abdel Fattah est un homme respectable et droit, dit-il.