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En Bolivie, un «retour à l’océan» pas si pacifique

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publié le 27 mars 2014 à 20h06

«Ayez confiance, nous allons récupérer notre mer», s'est enthousiasmé, dimanche le président bolivien, Evo Morales. Etat-major au garde-à-vous, gouvernement au complet, et défilé obligatoire pour les fonctionnaires et les écoliers du pays, le Jour de la mer a, comme chaque année le 23 mars, mobilisé la nation entière. La Bolivie, l'un des Etats les plus pauvres d'Amérique du Sud, a perdu ses 400 kilomètres de littoral, en 1879, lors de la guerre du Pacifique contre son voisin chilien. Enfermé depuis dans des frontières terrestres, le pays a fait du «retour à l'océan» un devoir patriotique et, dès l'école, chaque Bolivien apprend comment le Chili l'a injustement privé de l'océan.

Venu écouter le discours présidentiel, Edson Marquez raconte : «J'ai 34 ans et, depuis que j'ai l'âge de raison, nous célébrons cette date. On nous a enseigné que les Chiliens avaient profité des jours fériés de carnaval pour nous envahir, c'est injuste. La Bolivie était plus grande jadis. Comme tout Bolivien, je voudrais retourner à la mer, c'est ce que nous désirons le plus.» Dans la foule, certains citoyens, comme le retraité Ivan Postino, savent comment s'y prendre : «Il faudrait que le pays se militarise, avec des armes plus sophistiquées et en plus grande quantité, pour faire trembler les Chiliens. Et récupérer la mer par la force.»

Malgré la rupture des relations diplomatiques en 1978 entre les deux pays, des discussions bilatérales sur le dossier maritime ont