Ce dimanche se tiennent en Turquie des élections municipales cruciales pour le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan, fragilisé par un vaste scandale de corruption. En un mois, des dizaines d’enregistrements de conversations téléphoniques piratées mettant en cause le pouvoir turc sont apparus en ligne. Erdogan se dit l’objet d’un complot fomenté par ses ex-alliés de la
[ confrérie du prédicateur musulman Fethullah Gülen ]
. Jeudi, la diffusion d’un nouvel enregistrement a conduit le Premier ministre islamo-conservateur à
[ faire fermer YouTube, après s’en être pris à Twitter ]
la semaine dernière. Erdogan et l’AKP (Parti de la justice et du développement) peuvent-ils malgré tout l’emporter dans les urnes ? L’analyse du politologue et économiste turc
Pourquoi un scrutin local s’est-il transformé en référendum sur la personne d’Erdogan ?
Cela tient d’abord au calendrier électoral : ces élections municipales font figure de premier tour pour la présidentielle qui se tiendra au mois d’août, la première au suffrage universel direct. Les municipales ont ensuite pris une tournure totalement personnalisée avec la révélation des affaires de corruption à partir de la mi-décembre. Le scrutin est devenu un référendum pro ou anti-Erdogan. Le maire actuel d’Istanbul, Kadir Topbas (AKP), est d’ailleurs très largement éclipsé de la campagne.
La dimension plébiscitaire de ces élections s'explique aussi par le fait qu'Erdogan s'identifie beaucoup à Istanbul. Il est né dans un quartier populaire de la ville et il joue beaucoup de cet ancrage-là. Istanbul a été son tremplin politique au niveau national. Il en a été le premier maire issu de la mouvance islamiste, en 1994. Depuis, il continue à