Jamais, dans l'histoire récente de la Turquie, des élections municipales n'ont eu un tel enjeu. «C'est un véritable référendum pour ou contre le Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, et ce scrutin va décider de son destin politique», analyse Celal Baslangic, rédacteur en chef du mensuel de gauche Tukenmez. Plus de 52 millions d'électeurs iront aux urnes ce dimanche pour élire les 3 225 maires et autres responsables des collectivités locales des 81 départements. Quelque 22 partis politiques et plusieurs centaines de candidats indépendants sont en lice, mais la compétition se déroulera essentiellement entre les quatre formations représentées à l'Assemblée nationale : l'AKP (Parti pour la justice et le développement, droite islamiste, au pouvoir depuis 2002, qui compte actuellement 318 sièges sur les 548) ; le CHP (Parti républicain du peuple, social-démocrate, 134 sièges) ; MHP (Parti d'action nationaliste, extrême droite, 52 sièges) ; BDP-HDP (Parti de la paix et de la démocratie-Parti démocratique des peuples, Kurdes et gauche, 30 sièges).
Tous les regards sont fixés sur Ankara, la capitale, et plus encore sur Istanbul, dont Recep Tayyip Erdogan fut le premier maire islamiste en 1994. Depuis, la ville est toujours restée entre les mains de l'AKP. «Cela a été son tremplin politique au niveau national et Erdogan, même devenu Premier ministre, continue à se comporter comme le maire d'Istanbul, portant tous les grands projets, dont ceux qui ont nourri la c