A 21 heures pile, comme tous les soirs, commence le spectacle nocturne baptisé l'Ame de Cordoue. Le silence est imposé par des guides à l'air impénétrable, le show touristique s'annonce solennel. Après la traversée du patio de los Naranjos (le patio des Orangers), le groupe de visiteurs est guidé dans l'enceinte du monument de 23 000 m2, entre les 856 colonnes musulmanes, en passant par l'époustouflant mihrab (1), pour arriver finalement devant la nef Renaissance érigée en plein milieu de l'immense mosquée, après la «Reconquête» par le roi Ferdinand III de Castille, en 1236.
Aujourd’hui, la mosquée-cathédrale de Cordoue est à la fois un musée et un lieu de culte au statut ambigu, et c’est là tout le problème. L’évêché de la ville ne veut retenir que sa partie catholique, en gommant toute référence à l’islam, alors même que les Espagnols ont de plus en plus conscience de leur riche passé musulman. En 2006, l’évêché a inscrit le lieu à son nom sur le registre foncier, en catimini, pour la modique somme de 30 euros. Et ce, en profitant d’une modification, survenue huit ans plus tôt, de la loi hypothécaire, permettant à l’Eglise de réclamer des biens sans propriétaire - terrains, cimetières, chapelles… Ainsi, en Navarre, un millier de municipalités ont fait les frais de cette voracité ecclésiastique.
En décembre 2013, un collectif citoyen de Cordoue s'est constitué en «plateforme mosquée-cathédrale de Cordoue : le patrimoine de tous» pour s'op