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Libération
Récit

«En Tunisie, on ne peut pas obtenir justice face à des policiers»

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Pour la première fois, une jeune fille osait trainer des policiers en justice, pour viol. A l'issue du procès, lundi, sa moralité a été mise en cause, et ses agresseurs condamnés à sept ans de prison seulement.
«Le viol est une malédiction et l'ignorer est encore pire» : démonstration de solidarité à l'extérieur du tribunal où étaient jugés les agresseurs de Meriem Ben Mohammed, à Tunis, le 31 mars. (Photo Fethi Belaid. AFP)
publié le 1er avril 2014 à 15h41

Le jugement est tombé dans la soirée, lundi. Comme bien souvent en Tunisie, plus personne, ni les accusés, ni la victime, ni les avocats, n’était présent au tribunal. Les deux policiers accusés d’avoir violé une jeune femme ont été condamnés à sept ans de prison. Poursuivi pour avoir soutiré de l’argent à son petit copain, le troisième a écopé de deux années d'enfermement, assorties d’une amende.

Les faits remontent au mois de septembre 2012. Meriem et Ahmed (des pseudonymes) se trouvent dans leur voiture, dans la banlieue de Tunis, lorsqu'une patrouille de police arrive. L'un des policiers conduit Ahmed au distributeur pour lui faire retirer un bakchich, pendant que les deux autres violent Meriem, selon le récit des deux victimes. Depuis, la jeune femme se bat pour obtenir justice. Il a d'abord fallu batailler pour que sa plainte soit enregistrée. Puis faire face aux accusations des agents, qui disent l'avoir trouvée «dans une position indécente», comme le balancera publiquement le porte-parole du ministère de l'Intérieur. Un temps menacé de poursuites pour «atteinte aux bonnes mœurs», le jeune couple a finalement obtenu un non-lieu.

«C’est comme une condamnation pour ma cliente»

L'annonce du jugement a été un nouveau choc pour Meriem et ses soutiens : «Ce n'est rien, sept ans ! Je m'attendais à la peine de mort ou l'emprisonnement à vie. Ce jugement montre qu'en Tunisie, on ne peut pas obtenir justice face à des policiers», réagit Meriem, contactée par téléphone. «Sept ans, ce n'est pas suffisant po