Le samedi matin, Buenos Aires s'ébroue avec lenteur. Les Porteños (habitants de la capitale) se lèvent tard et seuls quelques joggeurs, soucieux d'éliminer le cholestérol des copieux asados («grillades») de la veille, bravent le bitume. Mais la librairie-bar Clásica y Moderna, située sur l'avenue Callao, est en effervescence dès 9h30. Une soixantaine de personnes ont pris place autour de petites tables en chêne face à un demi-queue Steinway. Café et viennoiseries pour tous. Gabriel Rolón s'est installé entre piano et bar, derrière un minuscule pupitre où il a disposé un iPhone et le synopsis de son intervention.
Lunettes noires, barbe de trois jours et cartable de cuir en bandoulière, ce psychanalyste lacanien a auparavant fait une entrée de rock-star, claquant la bise, signant quelques exemplaires de l'un de ses best-sellers, Historias de diván, donnant l'abrazo (l'«accolade») à une poignée d'aficionados et s'assurant que «ses invités» disposent d'une place de choix. Tous les week-ends, Rolón tient séance ouverte, entre conférence de vulgarisation et analyse, pour un public - composé en majorité de femmes, «parce qu'elles se posent plus de questions que les hommes» - de patients, d'étudiants en psychologie ou de simples curieux.
Le thème du jour,«Quand et comment commencer une psychanalyse ?», semble particulièrement mobilisateur. «Pour vous, c'est quoi la normalité ?» lance Rolón en prélude à so