C'est une prison qui n'a pas de sens. Pas encore. Une prison où cohabitent 138 détenus, gardés à vue ou placés sous mandat de dépôt. Une prison passoire d'où s'échappent fréquemment les détenus, onze encore la semaine dernière. Dans le couloir qui mène à la cour centrale, un homme foudroyé par une crise de paludisme gît au sol, semi-conscient. Son corps raidi par la fièvre convulse régulièrement. «Il doit être conduit à l'hôpital», assure un gardien.
Dans la cour de la maison d’arrêt de Bangui, la capitale centrafricaine, dont une partie est grignotée par de hautes herbes, quelques hommes sont assis sur des bancs, à l’ombre d’arbres. Des prisonniers qui ont vraisemblablement bénéficié d’une faveur. Les autres sont répartis dans plusieurs blocs : «Irak» (les plus dangereux), «Golo Waka» («fumeurs de chanvre indien» en sango) ou «DDP» («détournements des deniers publics»). Le bloc «Maison Blanche», réservé aux hautes personnalités, est vide. Chez les «DDP», une vingtaine de jeunes sont allongés au sol, sur des nattes. Ils tuent le temps en bavardant, sans excitation particulière. La visite s’avère brève puisque la prison se résume à cette cour non entretenue et à ces blocs défraîchis. L’infirmerie n’a pas encore été réhabilitée. Le malade dans le couloir est encore là à notre sortie. Mais cette fois, il ne bouge plus.
Complicités. «Le problème de la prison est crucial, assure Isabelle Gaudeuille, ministre de la Justice du