Près d’un quart de siècle d’amertumes et d’humiliations effacées par la grâce d’une modification de frontières à la hussarde. Vladimir Poutine, l’homme qui regrette la grandeur de l’Union soviétique mais pas son incurie économique, n’a pas manqué une si belle occasion. Soutenu par la majorité de l’opinion russe, et par une partie non négligeable des libéraux, son coup de force en Crimée sonne comme l’heure d’une revanche attendue depuis des années. Revanche sur l’histoire avec la dissolution de l’URSS et du pacte de Varsovie au début des années 90 (pendant que l’Otan s’étendait jusqu’à la frontière avec l’Ukraine), suivie par la décadence vertigineuse de la Russie sous Boris Eltsine. Revanche, aussi, sur les Occidentaux perçus au Kremlin comme des donneurs de leçons sur le respect du droit international, qu’ils ne s’appliquent pas à eux-mêmes. Hélas, non sans raison.
Il y a quinze ans, en mars 1999, le Premier ministre russe de l’époque, Evgueni Primakov, avait ordonné à l’avion qui l’emmenait à Washington de faire demi-tour au-dessus de l’Atlantique. Il venait d’apprendre le début des bombardements de l’Otan au Kosovo. Moscou protesta mais ne put rien faire quand les avions de l’Alliance étendirent leurs raids sur Belgrade. Tout comme en 2008, quand le Kosovo devint indépendant, malgré l’opposition de la Russie, et la désapprobation de notre voisin, l’Espagne.
On peut arguer, d’un point de vue moral, que la guerre menée par l’Otan en 1999 était légitime : la population albano