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récit

L’intelligentsia opprimée au sujet de la Crimée

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La propagande du pouvoir russe isole les voix des quelques intellectuels qui s’élèvent contre sa politique en Ukraine.
publié le 3 avril 2014 à 18h36

Approuvée par une majorité de Russes, la politique du Kremlin en Crimée est critiquée par une partie de l'intelligentsia sous pression. «L'un des drames de la situation en Crimée, au-delà de l'annexion, c'est d'avoir réussi à diviser la société russe», explique Irina Prokhorova, leader de la Plateforme civile - mouvement libéral fondé par son frère, l'oligarque Mikhaïl Prokhorov - et participante au Congrès des intellectuels contre l'annexion de la Crimée, organisé à l'initiative de l'écrivaine Lioudmila Oulitskaïa. Invisibles dans les médias influents, ces intellectuels ont cosigné une déclaration «contre la guerre, contre l'isolation de la Russie et contre la restauration du totalitarisme». L'initiative paraît à contre-courant, la «réunification» de la Crimée et de la Russie ayant été saluée par une large majorité de Russes. Une approbation à mettre, selon Lev Goudkov, directeur du centre d'analyses Levada, au crédit d'une «campagne de propagande et de désinformation sans précédent dans l'ère postsoviétique».

Depuis les premières manifestations de Kiev, le paysage médiatique russe s'est aligné sur la ligne du Kremlin. «A la télévision, on a mis une machine à propagande en route», s'indigne Renat Davletgildeev, journaliste de Dojd, une chaîne indépendante au bord de la fermeture. Le retour de la Crimée sous la bannière russe a été accueilli comme un événement historique, si bien que les voix dissonantes ont été marginalisées. Le chanteur A