Au cours des dernières années, le concept de «processus de paix» s’est transformé à mes yeux en une expression problématique, pour ne pas dire nuisible. Si je devais adopter une vision un peu absurde, j’oserais prétendre que ce processus de paix représente désormais un obstacle à la paix.
En effet, le processus de paix a mué, par la faute des Israéliens, des Palestiniens, des Américains, et, dans une certaine mesure, des Européens, en une sorte d’entité diplomatique autonome dans laquelle la rhétorique éthique et politique revêt plus d’importance que l’action, et dont les contours dissimulent non seulement une réelle inaction mais, parfois pire : des actes s’opposant clairement à la paix. Le processus de paix offre une illusion, et donc un soulagement, que la paix finira bien par arriver, un jour ou l’autre. Il inspire une patience qui est tout sauf de la patience mais plutôt une passivité absolue.
Pour s’en convaincre, il suffit de se remémorer le bref et efficace processus de paix entre Israël et l’Egypte, deux pays qui ont mené cinq guerres sanglantes entre eux. Ce processus s’ouvrit avec la visite spectaculaire du président égyptien Sadate en Israël, le 7 novembre 1977. Au bout de moins d’une année, les premiers principes étaient établis à Camp David : évacuation des territoires conquis par Israël, démilitarisation du désert du Sinaï, démantèlement de colonies et ouverture d’ambassades. Au bout de quelque mois, l’accord de paix définitif était signé. Et cet accord tient to