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Interview

Paul Kagame : «Paris a été impliqué avant, pendant et après le génocide»

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Pour le président rwandais, Paul Kagame, la France a participé à «l’émergence d’une idéologie» qui a mené à la tragédie de 1994 :
(Martina Bacigalupo.Vu (pour «Libération»))
publié le 6 avril 2014 à 19h36

Une chaise vide à l’heure du souvenir. La ministre française de la Justice, Christiane Taubira, n’assistera pas aux commémorations des vingt ans du génocide au Rwanda, prévues aujourd’hui à Kigali. La décision a été prise samedi à Paris, en réaction aux déclarations du président, Paul Kagame, qui a accusé la France d’avoir «participé» au génocide dans l’hebdomadaire Jeune Afrique. Une accusation qui n’est pas nouvelle : c’est aussi ce qu’il a dit lors de l’entretien de deux heures qu’il a accordé à quelques journalistes, dont Libération. «La France n’aurait pas dû réagir aussi vivement», déplorait hier Bernard Kouchner, venu assister aux commémorations à titre privé. «Avec Sarkozy, nous avions amorcé une vraie réconciliation. On va à nouveau reculer, donner du grain à moudre à tous les négationnistes», souligne l’ex-ministre des Affaires étrangères, qui rejette le terme de «participation». Mais rappelle aussi que «le gouvernement génocidaire a été formé dans l’enceinte de l’ambassade de France en avril 1994», et que «Paris lui a livré des armes jusqu’en août 1994». L’incident diplomatique montre en tout cas que le malaise demeure. Pourtant, au Rwanda, l’absence de Taubira aux commémorations -la France n’étant représentée que par son ambassadeur, Michel Flesch - ne suscite qu’une indifférence désabusée : «Ils ne veulent pas venir ? Tant pis, on s’en fout», déclarait hier, en off, un responsable r