«Les faits sont têtus» : cette simple petite phrase exprimée en français, lors d’un discours en anglais et en kyniarwanda, a aussitôt provoqué une vague d’applaudissements et d’éclats de rire, hier au stade Amahoro à Kigali. Le président Paul Kagame clôturait les cérémonies commémorant les vingt ans du génocide rwandais, en 1994. Et, à cette occasion, il a fait allusion au dernier incident diplomatique entre Kigali et Paris. Samedi, la France avait annoncé que la ministre de la Justice Christiane Taubira ne participerait plus à cet événement, suite à une déclaration de Paul Kagame dans l’hebdomadaire Jeune Afrique, où il évoquait «la participation» active de la France au génocide.
Deuil. Hier matin, nouveau rebondissement : on apprend que Michel Flesch, l'ambassadeur de France à Kigali, finalement désigné pour représenter le pays en ce jour de deuil, n'est pas autorisé à déposer de fleurs au mémorial de Gisozi (situé à Kigali) et de se rendre au stade. A l'issue de la commémoration, Kagame a donc réagi, sans jamais citer un pays en particulier. «Le temps qui passe ne devrait pas jeter le voile sur les faits, atténuer les responsabilités, ni transformer les victimes en méchants», a martelé l'homme dont la rébellion a arrêté seule le génocide. «Aucun pays n'est assez puissant pour changer les faits», a-t-il ajouté, juste avant cette petite phrase en français.
Jusque-là, l'ambiance était plutôt grave et solennelle