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Libération
grand angle

Un si long couloir de la mort

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Le Japonais Iwao Hakamada est le plus ancien condamné à mort du monde. Piégé en 1966 par sa confession sur le meurtre de son patron, sa femme et leurs deux enfants, cet ancien boxeur, qui travaillait dans une fabrique de miso, vient d’être libéré. Mais pas encore blanchi.
Photo non datée d'Iwao Hakamada. Le boxeur avait été emprisonné en 1966, à 30 ans. (Photo Kyodo Kyodo. Reuters)
publié le 7 avril 2014 à 18h06

Au début, il n'y a pas cru. A sa sœur Hideko, venue le 27 mars, lui annoncer la réouverture de son procès, la suspension de son exécution et sa libération, il aurait dit : «Tu mens.» A ses avocats : «Je suis fini.» Depuis le 11 septembre 1968, Iwao Hakamada n'y croyait plus, depuis plus de quarante-cinq ans, il attendait dans le couloir de la mort, guettant les pas des gardes devant sa cellule, redoutant d'être pendu.

Agé de 78 ans, Iwao Hakamada est le plus ancien condamné à mort du monde. Libéré mais pas blanchi, il est loin d’en avoir fini avec la justice. Le 31 mars, le procureur du district de Shizuoka a fait appel de la décision d’ouvrir un nouveau procès. Hakamada devra à nouveau affronter une machine judiciaire qui a multiplié les erreurs et dissimulé les preuves dans cette affaire emblématique des dysfonctionnements de la justice nippone. Une institution qui s’est barricadée dans ses certitudes, malgré la mobilisation de dizaines de milliers de pétitionnaires, l’engagement d’une cinquantaine de parlementaires, du barreau japonais, de la fédération des boxeurs professionnels… Dans l’attente d’un nouveau procès, la justice a décidé de le remettre en liberté le 27 mars.

Il est 17 h 20 ce jour-là, Iwao Hakamada octogénaire voûté et rougeaud, retrouve l’air libre. Quarante-sept ans plus tôt, c’est un trentenaire tonique qui avait été incarcéré. Sa vie avait basculé le 30 juin 1966. Dans les décombres d’une maison calcinée de Shimizu, un quartier de Shizuo