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Libération
Reportage

«Nous sommes un seul et même peuple slave !»

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Tandis que Moscou déploie ses troupes et que Kiev tente de riposter, la cohabitation le long de la frontière russo-ukrainienne se poursuit tant bien que mal. Loin des bruits de bottes.
Un homme armé à Slaviansk dimanche, une ville de l'est de l'Ukraine aux mains des séparatistes. ( Photo Gleb Garanich. Reuters)
publié le 13 avril 2014 à 22h06

«La guerre ? Mais de quoi vous parlez ? Ma mère est ukrainienne, mon père est russe. Je suis citoyenne russe, mais je vais faire mes courses en Ukraine. Les écoles côté russe comptent des élèves qui viennent du côté ukrainien. Si nos enfants vont à l'école ensemble, ça n'aurait aucun sens de se battre…» Sous une pluie fine, le manteau battu par un vent glacial, la femme remonte la rue Droujbi Narodiv, artère principale du village de Milove, dans l'est de l'Ukraine. Elle traverse avec insouciance d'un trottoir à l'autre, comme les rares passants du dimanche. Et pourtant : un côté est ukrainien, l'autre russe.

D'un côté, c'est Milove, 6 000 habitants ; de l'autre, Tchertkovo et ses 15 000 âmes. «Depuis la chute de l'URSS, c'est la frontière entre nos deux pays. Mais entre nos deux villes, il n'y a aucune division», résume simplement Oleksandr Kiselitsin, le maire de Milove. Ici, il semble que la cohabitation relève plus de la tradition et d'un mélange organique que de «l'amitié entre les peuples». «Nous avons toujours vécu ensemble. Nos deux localités sont complémentaires : les Russes viennent ici acheter des vêtements, des chaussures, de la vodka moins chère. Et les Ukrainiens vont de l'autre côté pour l'essence et le gaz», poursuit le maire.

«Défi». Là où se touchent les deux frères ennemis, les bruits de bottes de ces dernières semaines n'ont jamais semblé aussi lointains. Moscou aurait déployé entre 40