La journée est grise et pluvieuse à Hoyerswerda. Un chemin bordé de hauts grillages quitte la route cabossée, traverse des terrains vagues, débouche sur une cour bétonnée flanquée de deux ailes de bâtiments disgracieux, loin du centre-ville. Quelques vélos d’enfants colorés attendent au pied d’un escalier métallique.
Mais les gamins qui vivent ici - une vingtaine - ne sont guère d’humeur à jouer. Tous ont quitté leur pays dans des conditions difficiles, suivant leurs parents qui espéraient obtenir l’asile politique en Allemagne. 70 réfugiés sans papiers ont atterri par hasard dans le centre pour demandeurs d’asile tout juste ouvert de cette bourgade, située à 150 kilomètres de Berlin. Venus du Maghreb, du Liban, d’Iran et de Serbie, ils ignoraient qu’Hoyerswerda avait gagné son surnom de «ville de la honte» pour avoir été la première de nombreuses cités allemandes à s’être livrée, au début des années 90, à une chasse aux étrangers.
Mohammed et Abdelhak, tous deux Marocains, sont arrivés il y a un mois dans le foyer installé à la va-vite dans une école désaffectée. Dans les chambres de quatre, deux lits superposés, une table, un jeu de quatre assiettes-verres-couverts, deux poêles, quelques casseroles et des draps. Les douches sont à l’étage, la cuisine et la buanderie au sous-sol. L’aménagement est rustique, le sol en lino brique, les murs blancs. Alentour, friches et immeubles abandonnés. Le commerce le plus proche, un supermarché Globus, est à cinq bonnes minutes, la gare à