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Libération
Témoignage

«On est déjà en guerre avec la Russie»

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Olesya Zhukovskaya, la jeune infirmière qui avait frôlé la mort en février sur le Maïdan, blessée par un sniper, revient sur la révolution ukrainienne et analyse les récents événements.
Une membre de la brigade d'autodéfense de Maïdan, devant le Parlement de Kiev le 15 avril. (Photo Valentyn Ogirenko. Reuters)
publié le 16 avril 2014 à 18h55
«Ce qu’il se passe dans l’Est n’est pas un mouvement séparatiste, c’est une pure manipulation des Russes, qui cherchent à diviser et déstabiliser l’Ukraine pour pouvoir réintégrer le pays dans l’ex-Union soviétique. Les Russes nous accusent de fascisme, mais ce sont eux, les fascistes, regardez ce qu’ils ont fait en Crimée et ce qu’ils font aujourd’hui dans le reste du pays.»

Olesya Zhukovskaya suit avec une extrême inquiétude les récents développements dans l'est de l'Ukraine. Le 20 février, au plus fort des affrontements sur le Maïdan, la jeune femme a échappé de peu à la mort. Cette infirmière de 21 ans originaire de Ternopil, dans l'ouest de l'Ukraine, était venue à Kiev quelques semaines auparavant pour s'engager comme bénévole dans le mouvement de contestation. Elle n'est alors pas spécialement militante ni politisée, elle cherche simplement à aider, avec ses moyens, la révolution en cours. Le 20 février, elle s'active auprès des blessés sur la place quand elle est à son tour touchée au cou par une balle tirée par un sniper. Se croyant mourir, elle a le réflexe de le tweeter : «Je meurs.»

Я вмираю

Olesya Zhukovskaja,were seriously wounded by sniper bullets.She was operated,but she is alive!|PR news <a href="https://twitter.com/search?q=%23Ukraine&amp;src=hash">#Ukraine</a> <a href="https://twitter.com/search?q=%23Kyiv&amp;src=hash">#Kyiv</a> <a href="http://t.co/HYS1SvMR6b">pic.twitter.com/HYS1SvMR6b</a>

«J'avais l'habitude de tweeter. Je me suis dit que c'était une façon de dire au revoir.» L'Ukraine est alors le sujet numéro 1 dans les médias étrangers et sur les réseaux, son tweet et sa photo font le tour de la Toile. Quelques heures plus tard, on apprend qu'elle a survécu. Elle le tweetera elle-même le lendemain matin : «Je suis vivante ! Merci à tous ceux qui m'ont soutenue et ont prié pour moi. Je suis encore à l'hôpital dans un état stable.»

«Maïdan, ce n’était pas seulement un mouvement pro-européen»

De passage à Paris pour demander la constitution d’une commission d’enquête internationale sur les morts du Maïdan, la jeune femme est encore en phase de soins. Elle garde deux cicatrices de part et d’autre de son cou, là où la balle est entrée et là où elle est sortie. Toujours engagée dans le mouvement Maïdan, elle compte bientôt reprendre ses études pour devenir médecin.

Olesya Zhukovskaya tire un bilan amer de la révolution. «Maïdan, ce n'était pas seulement un mouvement pro-européen. On s'est battus pour plusieurs objectifs : faire tomber le gouvernement, lutter contre la corruption, obtenir davantage de liberté et de démocratie. Aujou