D'habitude encombrées par la circulation, les rues d'Alger sont bien vides, en cette journée électorale, décrétée fériée. Pas de files d'attente devant les salles de vote : une heure après l'ouverture, chacun des neuf bureaux installés dans l'école Ali Boumendjel, en plein centre de la capitale, n'avait accueilli que dix électeurs, en moyenne. «Il n'y a que les vieux qui votent et ils sont tous avec Bouteflika. C'est officiel, il a déjà gagné», soupire Samir, restaurateur de 39 ans, sorti uniquement pour aller faire son marché.
Si la victoire du président sortant, qui brigue son quatrième mandat, ne fait guère de doute, le taux de participation «constitue un enjeu en soi», note Zine Cherfaoui, journaliste au quotidien francophone El Watan. «L'abstention apparaît comme un acte éminemment politique, puisqu'il revient à contester le fonctionnement du champ politique. Ce qui ressemble à de la passivité est en fait le signe et l'expression d'une rupture entre l'électeur, d'une part, le candidat à l'élection et le régime politique, d'autre part. L'abstention n'est pas un acte passif, mais une action militante», écrivait la politologue Louisa Driss-Aït Hamadouche, dans un article paru en 2009. Cette année-là, la participation à la présidentielle s'élevait officiellement à 74,11%, mai