C’est l’autre guerre qui se joue en Syrie. Elle n’oppose pas des rebelles aux soldats de Bachar al-Assad mais des jihadistes censés être réunis au sein d’une même organisation, Al-Qaeda. Signe de l’inquiétude qui gagne les leaders du mouvement, la lutte ne se cantonne plus aux forums internet spécialisés mais s’étale publiquement. Il y a quelques jours, six idéologues d’Al-Qaeda ont demandé sur Twitter à leur leader, Ayman al-Zawihiri, successeur de Ben Laden, de trancher les luttes intestines syriennes.
Le conflit remonte à avril 2013, lorsque l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) s’implante officiellement en Syrie. Son mystérieux leader, Abou Bakr al-Baghdadi, annonce alors qu’il absorbe le Front al-Nusra, l’autre formation jihadiste active en Syrie. Mais dans le petit monde du jihad international, cette forme d’OPA ne passe pas. Le chef du Front al-Nusra refuse et déclare son allégeance à Al-Zawahiri, ce qui revient à transformer son groupe en filiale «officielle» d’Al-Qaeda en Syrie. Al-Baghdadi se braque et réaffirme son indépendance, refusant l’ordre d’Al-Zawahiri de se cantonner à la lutte en Irak.
Califat. Le désaccord entre les deux groupes est avant tout idéologique. Pour Al-Zawahiri et les cadres historiques d'Al-Qaeda, le jihad vise avant tout les Etats-Unis et leurs alliés. Al-Baghdadi, lui, veut créer un califat qui engloberait l'Irak, la Syrie, le Liban et la Palestine. Ces deux visions produisent des stratégies oppos