Un opposant dans l’âme. Un coriace. Un indomptable. Il y a quelques semaines encore, avant d’être hospitalisé pour des problèmes respiratoires à Rangoun où il est mort ce lundi matin, Win Tin, 85 ans, continuait à vilipender une constitution birmane faite par et pour les militaires. Tout comme il fustigeait un Parlement qui réserve d’office 25% de ses sièges aux officiers.
Depuis sa libération le 23 septembre 2008, après dix-neuf ans, deux mois et dix-neuf jours de prison, ce vieux lion de l'opposition birmane et ancien journaliste n'avait de cesse de harceler le clan et le pouvoir des militaires « puissants et riches », expliquait-il à Libération en 2008. Il n'avait jamais lâché prise. Il n'hésitait pas à critiquer les choix d'Aung San Suu Kyi de négocier avec les généraux, de siéger au Parlement après les législatives partielles de 2012 qu'il avait appelées à boycotter. Mais, il conservait toujours pour la Dame un respect pour son combat en faveur de la démocratie et ses années de sacrifice dans les geôles birmanes. «C'est une leçon de courage à elle seule», écrivait-il en 2008.
«Accoutrement bleu clair de bagnard»
Homme chaleureux dont la vie de célibataire et de «moine» politique a épousé les soubresauts de l’histoire birmane, Win Tin était souvent sur la brèche. Il recevait chez des amis, près de l’immense centre pénitencier d’Insein (dans le no