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Libération

Win Tin, le dissident birman qui ne s’était jamais tu

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publié le 21 avril 2014 à 19h46

C'était un opposant dans l'âme. Un coriace. Un indomptable. Même après plus de dix-neuf ans de prison, de graves problèmes de santé et des menaces à peine voilées de la junte, Win Tin n'avait pas remisé son combat pour la démocratie en Birmanie. A sa sortie de prison le 23 septembre 2008, âgé de 79 ans, ce vieux lion de l'opposition et ancien journaliste réputé avait repris ses critiques acérées contre le clan des militaires «puissants et riches» qui s'étaient emparés du pays en 1962, expliquait-il à Libération en 2008. Il y a quelques semaines encore, avant d'être hospitalisé pour des problèmes respiratoires à Rangoun, où il est mort hier matin, Win Tin, 85 ans, continuait à vilipender une Constitution faite par et pour les militaires, qui leur réserve d'office 25% des sièges.

Crinière d'argent et visage souriant, il n'hésitait pas à critiquer la décision d'Aung San Suu Kyi de négocier avec des généraux grimés en civils présentables et de siéger à l'Assemblée après les législatives partielles de 2012, qu'il avait appelé à boycotter. Mais il conservait pour elle un respect immuable. «C'est une leçon de courage à elle seule», écrivait-il en 2008 dans son autobiographie, Une vie de dissident (éd. Michel Lafon). Cet anglophone parfait, dont la vie de célibataire et de «moine» politique a épousé les soubresauts de l'histoire birmane durant soixante ans, était l'un des pères de l'opposition et de la Ligue nationale pour la démocratie, qu'il a fo