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Libération

L’Eglise et le «socialiste» Ortega de concert contre l’avortement

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publié le 22 avril 2014 à 22h36

«Nicaragua socialiste, solidaire et catholique.» De la place de la Victoire au rond-point Hugo-Chávez, voire jusque dans les quartiers périphériques, les rues de la capitale sont pavoisées de ces affiches roses fluos à la gloire du président sandiniste Daniel Ortega. Si les Nicaraguayens nourrissent des doutes quant à «socialiste» et «solidaire», ils n'en ont guère à propos du qualificatif «catholique». Ici, l'ultraconservatrice Eglise, emmenée par le cardinal Obando Bravo, agit main dans la main avec les sandinistes au pouvoir. La Conférence épiscopale impose ses thèses à loisir et notamment, depuis 2008, l'interdiction de tout avortement, y compris lorsque la vie de la mère est en jeu. Le 25 mars (neuf mois symboliques après la fête des Saints Innocents), ils étaient des milliers dans les rues de Managua, catholiques et sandinistes au coude à coude, à célébrer «le droit des non-nés».

Pendant ce temps, le mouvement féministe écume de rage. A la tête d'une délégation qui s'est récemment déplacée à Genève pour porter l'affaire devant le Conseil des droits de l'homme des Nations unies, Marta María Blandón évoque un mal qui tue silencieusement : «Le pouvoir pratique un black-out total sur l'avortement thérapeutique, alors on ne dispose d'aucune statistique.» Sans pouvoir les quantifier, les militantes nicaraguayennes parlent de centaines de femmes condamnées à garder des fœtus issus de viols, atteints de malformations irréméd