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grand angle

Chine : momie blues chez les Ouïghours

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Les dépouilles exhumées dans le Xinjiang semblent plus européennes qu’asiatiques. Un argument brandi par les séparatistes ouïghours contre Pékin. Cette politisation gêne  le travail des archéologues.
publié le 23 avril 2014 à 18h26

C’était il y a 4 000 ans, au Xinjiang, vaste territoire situé au nord-ouest de l’actuelle Chine. A cette époque où la civilisation chinoise en était à ses balbutiements, vivait là une population aux cheveux blonds, roux ou châtains. Les hommes portaient des capes, des bottes en cuir et des chapeaux en feutre, ornés d’une plume, d’où tombaient souvent jusqu’aux épaules leurs cheveux tressés en nattes. Ils arboraient parfois des pantalons en tissu à carreaux, tandis que les femmes optaient pour des robes descendant au genou ou au mollet, taillées dans des lainages teints en rouge et bleu striés de jaune. Ils élevaient des vaches, fabriquaient des chariots à roues et cultivaient une céréale méditerranéenne alors inconnue en Asie centrale : le blé.

Depuis 1979, sur tout le pourtour du Taklamakan - immense désert de sable cerné par des chaînes de montagnes -, de très nombreuses traces de cette peuplade ont été découvertes. Des outils et objets de culte, et surtout des centaines de corps momifiés, parfaitement conservés. «Jusqu'à la découverte de ces momies, nombre d'experts chinois pensaient que les anciens habitants du Xinjiang étaient des aborigènes», souligne Han Kangxin, un anthropologue âgé de 79 ans, qui a passé trois décennies à étudier ces mystérieuses dépouilles. Or, ces éleveurs offrent des traits physiques de type «europoïde» ou «caucasien», deux termes qui désignent un ensemble de caractéristiques morphologiques communes à un vaste bassin de population