Vu de Paris, cela ressemble peut-être à la guerre. Vu de Kiev, cela semble l'occasion d'effacer la honte des revers subis et, vu de Moscou, au prétexte attendu pour une intervention armée. Mais vu de Khrestichtche, une bourgade de quelques maisons à une dizaine de kilomètres de Sloviansk, le fief des séparatistes russes qui réclament une «république de Donetsk» dans l'est de l'Ukraine, les incidents armés survenus hier ne sont ni plus ni moins qu'une escarmouche. Une piqûre de rappel qui a fait peur, et cinq morts dira l'armée ukrainienne, dont Alexandre Loubinets, un garçon du village âgé de 22 ans. «J'ai entendu des tirs, deux séries en fait. Des transporteurs de troupes sont alors arrivés venant d'Izioum, au Nord. On a vu s'élever une fumée noire, là où se trouve la barricade», dit Roman, un petit commerçant de 31 ans, qui préfère taire son nom de famille mais donne celui de son voisin mort. «Cela a commencé à 9 heures, et le tout a duré trois heures. Les transporteurs de troupes viennent de repasser, il y a quelques minutes», poursuit-il. Les journalistes présents acquiescent, car ils viennent en effet de voir repartir les cinq blindés, drapeau ukrainien bleu et jaune en tête, survolés de près par deux hélicoptères.
Combinat. De Khrestichtche, une petite route champêtre mène à Sloviansk. A l'entrée de cette ville de 120 000 habitants, au niveau du combinat de nourriture pour le bétail, la barricade faite de pneus ent