Sa mission s'apparente à une croisade. Depuis qu'il est revenu au pouvoir, le Premier ministre Shinzo Abe s'évertue à faire du Japon un «pays normal». Plus que jamais, il entend réformer la Constitution pacifiste imposée par le vainqueur américain en 1947 selon laquelle le «peuple japonais renonce à jamais à la guerre». Au cœur de ce projet qui anime Abe depuis son entrée en politique, figure le fameux article 9 qui consacre ce renoncement et interdit aux forces japonaises de recourir à la force en dehors de l'Archipel. Abe entend dépoussiérer ces principes pacifistes pour acquérir une plus grande liberté d'action et s'ériger en puissance militaire dans une région où les bruits de botte et d'hélices connaissent un regain depuis un an et demi. C'est également le moyen de se poser en partenaire des Etats-Unis et non plus en seul vassal abrité sous le parapluie nucléaire américain. Entre sushis et courbettes impériales, il va d'ailleurs le rappeler à Barack Obama qui soutient l'idée un Japon plus musclé en Asie.
Dans les prochains jours, un groupe d’experts va remettre à Abe un rapport attendu sur les orientations à prendre. Le chef du gouvernement devrait vite annoncer les mesures retenues. Sur les questions de sécurité, le nationaliste Abe agit au pas de charge comme en témoignent les lois et les règlements adoptés à la hussarde en un minimum de temps et avec un minimum de débat. S’agissant de la Constitution, qui n’a jamais été amendée depuis