Depuis dix ans qu’il a arrêté de se piquer, Steff Kerr a bien récupéré. On a du mal à imaginer ce type de 52 ans, tonique et chaleureux, rongé par l’héroïne. Lorsqu’il se remémore la première fois qu’il a utilisé de la naloxone, son pouls semble s’intensifier.
«Je travaillais à Glasgow dans un centre d’hébergement pour drogués en rémission. L’un des résidants a dévalé les escaliers et crié "Quelqu’un a fait une overdose !" J’ai appelé une ambulance, attrapé un kit, couru en haut, vu le type étendu. Pas de respiration, il ne réagissait pas, j’ai sorti la seringue, lui ai injecté une recharge complète, il ne bougeait toujours pas. Un collègue lui faisait un massage cardiaque, toujours rien. J’ai couru chercher un deuxième kit, je l’ai injecté et quelques minutes plus tard, il s’est réveillé, s’est assis et a demandé ce qui s’était passé. Pendant tout ce temps, j’étais en automatique, à l’instinct.»
En matière d'opiacés, l'Ecosse est l'homme malade de l'Europe. On estime que 1,6% de sa population en consomme, surtout de l'héroïne, un taux deux fois plus élevé qu'en Angleterre et presque quatre fois plus qu'en France. Cette situation est un héritage des années 80-90 et non une manifestation de la résurgence de l'héroïne observée aujourd'hui aux Etats-Unis et largement évoquée après l'overdose de l'acteur Philip Seymour Hoffman. Les représentants de cette «génération Trai