Elles sont trois drôles de dames, charismatiques et femmes à poigne. Dans une Inde patriarcale, où la tradition de la dot fait des ravages, les affaires de viol défraient la chronique et où la place d’une femme reste avant tout celui d’épouse et de mère, elles sont parvenues à se hisser au premier plan de la scène politique. Toutes trois dirigent de puissants partis régionaux. Elles s’appellent Mamata Banerjee, à la tête de l’Etat du Bengale-Occidental ; Jayalalitha Jayaram, qui dirige le Tamil Nadu ; et Mayawati Kumari, qui fut ministre en chef de l’Uttar Pradesh. Alors que les législatives sont toujours en cours en Inde, les deux grands partis nationaux - le BJP, la droite nationaliste hindoue, favori selon les sondages, et le Congrès, laïc et de centre gauche, au pouvoir depuis dix ans - devront songer sans doute, en cas de victoire, négocier une alliance avec ces partis régionaux.
Mamata Banerjee, la «tigresse du Bengale»
Dissidente du parti du Congrès, elle a fondé son propre parti en 1997, le All India Trinamool Congress (AITMC) au Bengale occidental, Etat qui compte 90 millions d’habitants. Elle est devenue une égérie anti-industrialisation en défendant des paysans expropriés de leurs terres pour l’implantation d’une usine automobile du groupe Tata. Plusieurs fois ministre, elle obtient son coup d’éclat en 2011, en arrachant l’Etat du Bengale de l’Est au Front de gauche, mené par le Parti communiste qui le dirigeait depuis 34 ans.
Surnommée Didi, ou «gra