Al'aube du mercredi 23 avril, Maidan Nezalezhnosti, la place de l'Indépendance à Kiev, résonnait du vacarme des camions poubelles et des pelleteuses. Deux mois après le renversement du président Viktor Ianoukovitch, les nouvelles autorités s'étaient décidées à démanteler les barricades qui entourent le camp révolutionnaire depuis décembre. Une démarche qui s'inscrivait dans l'application des accords de Genève du 17 avril, stipulant l'évacuation des bâtiments officiels occupés et le désarmement des groupes paramilitaires. Au bout de quelques heures, il s'est avéré que les barricades n'allaient pas disparaître. «S'ils franchissent la frontière, les Russes peuvent être à Kiev en moins de trois heures ! Nous n'allons pas abaisser nos défenses maintenant !» s'emporte Volodia, un barbu d'une cinquantaine d'années. Pas question non plus de les démanteler avant que Maidan en ait décidé par un vote public. «Ce serait comme céder à la pression russe», s'indigne-t-il.
Mutation. A Maidan, la conférence de Genève a été mal vécue. Surtout à cause du double langage des officiels russes qui nient, contre toute évidence, avoir envoyé des militaires sans insigne dans l'Est, notamment à Sloviansk, l'épicentre de la contestation séparatiste. En conséquence, le Kremlin s'est déresponsabilisé du processus de désarmement des paramilitaires prorusses, se contentant de constater leur refus de déposer les armes. Il insiste en revanche sur le désa