Spécialiste reconnu de l’histoire du catholicisme et de la papauté, membre de l’Institut, Philippe Levillain (1) revient sur le sens de la canonisation de Jean XXIII et Jean Paul II ainsi que sur le bilan d’une année de pontificat de François.
Que signifie cette double canonisation ?
Ce sont les deux grands papes du concile. Jean XXIII est celui qui a convoqué Vatican II le 25 janvier 1959, ouvrant ainsi cet aggiornamento de l'Eglise. Jean Paul II est celui qui, pendant son long pontificat, de 1978 à 2005, a tout à la fois accompli le message du concile et pacifié l'Eglise en lui permettant de sortir partiellement de la crise postconciliaire. Il est celui qui a clôturé la période conciliaire en disant qu'il n'y aurait pas de Vatican III, que Vatican II serait pleinement appliqué et qu'il en serait le garant. On saute «à pieds joints» par-dessus la figure de Paul VI, qui, de 1963 à 1978, a pourtant permis de mener les travaux du concile à leur terme et fait en sorte que l'Eglise ne reste pas jusqu'à la fin des temps en situation d'états généraux. Le bilan de ce dernier est toutefois pénalisé par l'encyclique Humanae Vitae (juillet 1968), qui refusait la pilule et les méthodes non naturelles de contraception, comme - même si évidemment les deux choses ne sont pas du tout équivalentes - pèse sur la mémoire de Pie XII son silence face à la Shoah. Jean Paul II, en outre, a fait du Saint-Siège, selon la belle formule de l'historien Emile Poulat, le