Menu
Libération
Portrait

L’esprit malin du pape François

Article réservé aux abonnés
En canonisant dimanche ses prédécesseurs Jean XXIII et Jean Paul II, Jorge Mario Bergoglio continue d’avancer masqué et de dérouter l’Eglise catholique.
Le pape François salue la foule au Vatican, le 31 décembre 2013. (Photo Filippo Monteforte. AFP)
publié le 25 avril 2014 à 20h36

S’il séduit les foules, François déconcerte aussi. En habile stratège et fin politique, le pape jésuite ne dévoile pas toutes ses cartes. Animé de convictions fortes, il a mis l’Eglise catholique sur la voie de la réforme. Mais sans que l’on perçoive clairement jusqu’où il veut aller. A Rome, ce dimanche, François va canoniser deux de ses prédécesseurs, Jean Paul II (1978-2005) et Jean XXIII (1958-1963). Avec ses manières brusques, le pape actuel a bousculé le programme initial. S’il a «hérité» de la canonisation de Karol Wojtyla - un processus entamé en 2011, avant que l’Argentin ne devienne lui-même le chef de l’Eglise catholique -, Jorge Mario Bergoglio a choisi et imposé celle de Jean XXIII. Décidant seul, il a passé outre les procédures habituelles, celle notamment d’un «miracle» constaté en bonne et due forme, accompli par le futur saint.

En bout de course à Buenos Aires

Le jésuite, c’est sûr, voue une grande admiration à Jean XXIII pour avoir convoqué le concile Vatican II, l’entreprise de rénovation menée par l’Eglise au début des années 60. Mais pourquoi canoniser ensemble ces deux papes ? Ces derniers mois, le monde catholique s’est livré à une intense exégèse du choix de François, friand de gestes symboliques laissés comme des indices sans être toujours explicites. En pourfendeur du culte de la personnalité, voulait-il ôter du prestige à la canonisation de Jean Paul II, adulé par toute une génération de catholiques ? Sans doute. Contrait-il habilement les interrogations, voire les polémiques, soul