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Libération
Reportage

«Punir des Ouïghours par d’autres Ouïghours»

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La répression de Pékin contre la minorité musulmane du Xinjiang se poursuit. En retour, la résistance armée et le terrorisme se développent.
publié le 25 avril 2014 à 19h36

Jamais auparavant la Chine n'avait été la cible d'actes de haine aussi spectaculaires perpétrés par sa minorité ethnique ouïghoure du Xinjiang. L'attentat-suicide de la place Tiananmen, le 28 octobre à Pékin (cinq morts), suivi le 1er mars de l'attaque de Kunming, où cinq assaillants vêtus de noir, trois hommes et deux femmes, ont tué au couteau 29 voyageurs dans la gare de la ville (143 autres ont été blessés), ont profondément choqué le pays. «C'était notre 11 Septembre», s'est émue la presse de la capitale.

A 3 000 kilomètres de là, dans le lointain Xinjiang, certains Ouïghours ne sont toutefois pas loin de penser que la Chine a, en quelque sorte «récolté ce qu'elle a semé». «Nous, on est prêts à se battre, on n'a pas peur des Chinois.» C'est Ali, un paysan ouïghour de 22 ans, qui parle, ses paumes boucanées reposant sur le manche de sa houe. Il n'a pas du tout l'air d'un islamiste, mais il appelle les Chinois les koper («les infidèles» en langue ouïghoure, un dialecte du turc). Pour Ali, le Xinjiang, c'est le «Turkestan oriental». Il nous convie dans sa demeure familiale, puis referme dans un grincement le portail en bois de sa cour. Trois moutons bêlent dans un enclos. Le soleil sèche une pile de vêtements d'hiver posée sur un châlit. On s'assied sur un bas-flanc couvert d'un tapis. «Les infidèles nous ont tout pris, notre territoire, nos ressources naturelles […] notre pétrole, et ils ne nous laissent rien, pas même not