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Libération
Grand Angle

Des Cairotes rappeuses

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Elles sont à peine une dizaine en Egypte. A l’image de Mayam, révélée par l’émission «Arabs’ Got Talent», elles scandent le droit des femmes et s’attaquent en musique au fléau national du harcèlement. Rencontres.
publié le 27 avril 2014 à 18h06

A Londres, Mayam Mahmoud a admiré le réseau de transports en commun et les hordes de cyclistes. Elle a trouvé les Anglais moins sociables que les Egyptiens et s'est fait voler son sac. Mais elle n'est pas revenue les mains vides de son premier séjour en Europe. La «rappeuse voilée», découverte lors de l'émission Arabs' Got Talent, s'est vu remettre le 20 mars le prix Index pour la liberté d'expression, catégorie Arts, décerné par une organisation caritative basée à Londres.

Depuis quatorze ans, cette récompense a été attribuée à des personnalités telles que la journaliste russe Anna Politkovskaïa, la militante pakistanaise Malala Yousafzai ou le dessinateur syrien Ali Ferzat et Mayam n'en revient toujours pas de figurer à ce palmarès. «Les autres nominés avaient plus d'expérience et ont beaucoup lutté dans leur pays, raconte-t-elle, de retour au Caire.Si j'ai été choisie, c'est peut-être parce que j'utilise le rap pour défendre les droits des femmes.»

«C’est toi qui es à blâmer»

Mayam n'avait pas prémédité sa participation à l'émission de télé-réalité, version arabe de La France a un incroyable talent, qui a fait d'elle une «combattante de la liberté d'expression», selon Index. Elle s'est décidée la veille des auditions, sur les conseils de son père. Pour s'accompagner, elle n'a qu'une piste téléchargée sur Internet. Mais en octobre, devant les jurés d'Arabs' Got Talent et les millions de téléspectateurs branchés sur la chaîne saoudienne MBC, elle déc