Annonçant sa démission, le Premier ministre sud-coréen, Chung Hong-won, a fait acte de contrition en direct à la télévision : «Je présente mes excuses pour avoir été incapable d'empêcher cet accident.» Au lendemain de la catastrophe, le chef du gouvernement avait déjà été hué par les parents des victimes. Mais douze jours après le naufrage du ferry Sewol qui a fait près de 300 morts ou disparus, l'incompréhension a laissé place à l'indignation et la colère. Si le capitaine fait figure de principal accusé, pour avoir tardé à réagir et avoir été l'un des premiers à quitter le navire, le gouvernement est vivement critiqué pour sa gestion désastreuse de la crise : lenteur des opérations de secours, mauvaise communication et soupçons de collusion entre les organismes de sécurité maritime et la compagnie du ferry naufragé.
Au-delà du ressentiment contre l'équipage, les autorités et les équipes de secours, un sentiment de responsabilité collective est palpable. En témoigne la grande banderole placardée sur la mairie de Séoul clamant : «Désolés.» Plus de 100 000 personnes sont venues se recueillir à Ansan, en banlieue de la capitale, devant l'autel érigé à la mémoire des lycéens disparus. «Nous avons vu nos enfants mourir sous nos yeux sans pouvoir rien faire», se lamente une étudiante sur place. Dans toute la Corée ont surgi aux fenêtres des appartements des rubans jaunes symboles d'espoir et de soutien aux familles des victimes. Le pays entier est en deui