Huit cent mille pèlerins, quatre papes, dont deux saints. Comme prévu, l'inscription de Jean Paul II et Jean XXIII dans le «registre céleste» des «bienheureux» de l'Eglise sous les auspices de François s'est transformée, hier au Vatican, en une exceptionnelle grand-messe religieuse, autant que populaire et médiatique. Pour le coup, le pape émérite Joseph Ratzinger, 87 ans, est sorti de sa vie «cachée du monde» pour retrouver la solennité de la basilique Saint-Pierre.
Vertus. Benoît XVI a été accueilli sur le parvis par son successeur argentin, avant que celui-ci ne célèbre la canonisation des deux figures parmi les plus charismatiques de l'Eglise contemporaine, ignorant les débats dans la presse transalpine sur l'opportunité de sanctifier à la va-vite les vertus miraculeuses des intéressés. Le quotidien de Turin, La Stampa, révélait ainsi que l'ancien secrétaire d'Etat Angelo Sodano avait émis des doutes sur la nécessité de «donner la priorité» au procès en canonisation de Jean Paul II «en passant devant ceux déjà en cours d'instruction». A l'inverse, dans La Repubblica, le cardinal Camillo Ruini a justifié la sanctification expresse (moins de dix ans) de Karol Wojtyla. Celui-ci aurait eu des miracles à revendre et son statut de saint ne faisait aucun doute : «Il a fait bien plus que deux miracles. […] Ils se comptent par centaines. Il y avait surabondance de témoignages.»